mardi 17 novembre 2009

Compte-rendu du dîner-débat du 30.10.2009 - Développement durable et Sécurité à Saint-Denis. Quels enjeux ?

Animation : Frédéric KOULOUFOUA


Organisé par l’association « Futur Saint-Denis » dans le cadre de la consultation publique sur les enjeux du Développement Durable et de la Sécurité à Saint-Denis, le débat s’est tenu le 30 octobre 2009 à la Table Ronde (Hôtel-Restaurant) sous la présidence de Frédéric KOULOUFOUA.

Plusieurs personnes y ont participé. Trois (3) d’entre elles intervenaient au titre de témoins engagés.
Monsieur Cohen BOAZ
Directeur de la société Echo Perspective / Responsable de la marque « Notre Maison »/ Acteur écologique.
Monsieur François DUPONT
Designer / Co-fondateur de l’Institut du Design Territorial – IDT / Acteur de la durabilité et éco-conception.
Monsieur Bally BAGAYOKO
Vice-président du Conseil Général de Seine Saint-Denis et Maire Adjoint de Saint-Denis.

Etaient également présents Michel RIBAY Maire-adjoint à l’écologie urbaine, Patrick VASSALLO Maire-adjoint à l’égalité des droits et Jérôme JURJEVIC conseillé municipal représentant le groupe des verts.

Organisé selon les quatre enjeux identifiés par l’association pour construire autrement à Saint-Denis une ville durable, le débat a été introduit par Frédéric KOULOUFOUA :

• Enjeu 1 : La progression de la mise en œuvre des protections sociale et humaine.
• Enjeu 2 : La Protection de l’environnement.
• Enjeux 3 : L’écologie.
• Enjeux 4 : La sécurité.

Introduction au débat

Frédéric KOULOUFOUA souhaite la bienvenue à tous les participants. Il se déclare heureux de les accueillir. Il rappelle aux participants l’ambition et l’objectif de l’association « Futur Saint-Denis », à savoir :
Ambition : Rendre plausible la nécessité de traiter ensemble la problématique de la croissance durable et celle de la sécurité à Saint-Denis.
Objectif : Sensibiliser l’ensemble des dionysiens aux enjeux du développement durable et intégrer les contraintes de sécurité d’une ville à faire évoluer.
Frédéric KOULOUFOUA explique que l’association « Futur Saint-Denis » se veut comme une force de proposition travaillant avec les dionysiens. La ville de Saint-Denis étant confrontée à plusieurs problèmes, lesquels nécessitent de la part des citoyens et autres acteurs politiques des initiatives courageuses qui ouvriraient la voie vers une perspective de développement durable.
Il montre que l’état des lieux est catastrophique parce qu’il il y à Saint-Denis bien plus qu’ailleurs des problèmes de propreté, d’éclairage, de constructions de logements et d’infrastructures, de transport, de pollution atmosphérique, de drogue, de violences et de bruit qui sont en réalité des conséquences immédiates avec leurs répercussions sur la santé d’une réflexion politique ancienne qu’il est important de décomplexer. Nous ne pouvons pas oublier le fait qu’à Saint-Denis, au fil du temps, le profil sociologique et économique des différents quartiers ne cesse de se modifier. Il se pose de plus en plus de problèmes scolaires, nutritionnels et des violences accrues contre des jeunes enfants et des personnes âgées. Lesquels menacent la quintessence même de notre cohésion communale.

Interventions

M. Cohen BOAZ
Parler de développement durable c’est sortir d’un climat d’insécurité générale que génère le gaspillage de nos ressources. C’est faire des économies d’eau, de gaz et d’électricité. Une façon de faire gagner de l’argent aux ménages et aux collectivités locales. Faire en sorte que le développement durable devienne productif et apporte du pouvoir d’achat aux familles et à la commune.

M. François DUPONT
Parler de développement durable c’est créer des nouvelles manières de vivre le et sur le territoire. En sachant qu’il existe à la fois des usagers qui sont des riverains et certains venant d’autres communes. L’insécurité sociale défendu par certains pour expliquer le retard que la ville de Saint-Denis a pris en matière de Développement durable ne saurait être isolée des autres formes d’insécurité. Il faut avoir une approche nouvelle qui prendrait en compte l’ensemble des leviers du développement : La tranquillité publique en fait partie. C’est seulement dans ces conditions que l’on arrivera à avoir entre humains une meilleure qualité de nos rapports et une meilleure qualité de vie.

M. Bally BAGAYOKO
La première insécurité à Saint-Denis c’est l’insécurité sociale. Dans les circonstances actuelles, il n’est pas possible de faire du développement durable à cause du manque de moyen financier que l’on constate chez certains habitants. La plupart d’entre eux sont si pauvres qu’ils préfèrent investir en priorité sur la nourriture plutôt que de le faire, même à moindre coût, sur l’achat d’une ampoule à basse consommation par exemple.
Il faut donc aller vers de vraies politiques publiques et rayer les incohérences qui existent entre les décisions prises au grenelle de l’environnement et la réalité économique et financière des villes et des populations.

Point positif

Le traitement séparé des problématiques de développement durable avec celle de la sécurité est un obstacle culturel qu’il est important de distancer. La question est de savoir ce qu’il faut défendre en termes de projet durable de société. Si nous faisons tous un maximum d’efforts en combinant ces deux problématiques avec le pragmatisme citoyen, nous aurons moins de mal à trouver des solutions.

Les participants ont en plus salué l’initiative de la mairie de Saint-Denis qui a mis en place sur une période de trois ans un programme d’économie d’énergie en investissant sur le remplacement d’ampoules à basse consommation dans les appartements qu’elle gère. Néanmoins, Ils ont unanimement estimé que ce programme de changement d’ampoules est insuffisant parce qu’il est sans suivi et donc ne permettra à personne d’en connaître les impacts, et n’est accompagné d’aucune pédagogie pour en pérenniser les effets.

Les participants ont souhaité que ce programme d’économie d’énergie se rapproche un peu plus des vraies préoccupations de la durabilité pour qu’il y ait plus de concordance entre les coûts, les économies que cela procure et le changement de mentalité à construire. Le bon sens aurait donc été d’expliquer pour mieux impliquer les uns et les autres aux enjeux du développement durable.

Certains habitants de Saint-Denis peuvent-être heureux d’avoir directement pour bailleur la municipalité mais les retombées à ce stade du projet ne sont pas en leur faveur mais pour la mairie. Il ne change rien au quotidien de la majorité d’entre eux et, d’ailleurs il n’implique qu’une minorité des habitants et ne change que « très peu » le quotidien de la majorité des locataires et propriétaires de Saint-Denis. C’est du développement durable par défaut.

En effet, les bénéficiaires de ce programme ne pourront tirer de réel bénéfice personnel que s’ils peuvent eux-mêmes agir c'est-à-dire, transformer l’engagement de la mairie de Saint-Denis en prise de conscience et de mise en pratique individuelle.

Il est donc important de mettre en place un projet de groupe de famille témoin qui aurait pour mission d’apporter la preuve qu’il est possible à moindre coût de faire baisser la consommation des ressources en matière de chauffage, de consommation d’eau, d’électricité ou de tri de déchets, … Une initiative pédagogique qui viserait à construire un indicateur écologique de la ville et qui servirait de base d’étude pour mieux organiser la durabilité de la commune de Saint-Denis. Il s’agit de bien montrer à l’ensemble des habitants de Saint-Denis qu’il est possible pour chacun de diminuer son empreinte écologique tout en gagnant du pouvoir d’achat.

Michel RIBAY Maire-adjoint à l’écologie urbaine a prit acte de cette proposition et s’est promis de recevoir en temps et en heure Messieurs Frédéric KOULOUFOUA, Cohen BOAZ et François DUPONT pour continuer la discussion et travailler sur la faisabilité de la mise en œuvre d’un tel projet.

Point resté sans réponse satisfaisante

Qu’est-ce que vivre en sécurité à Saint-Denis ? Suffit-il d’avoir un effectif de policiers et des caméras en grand nombre pour prétendre vivre en sécurité dans notre commune ?
Le maire-adjoint chargé de la tranquillité publique absent lors de ce débat aura privé les participants de tous les éléments qui auraient pu les éclairer et faire avancer les échanges.

Conclusion

Frédéric KOULOUFOUA s’est déclaré satisfait de la richesse et de la sérénité des échanges.
Tout en déplorant l’absence au débat du Maire-adjoint au Développement durable, il pense qu’il est important de continuer à travailler sur les différentes problématiques soulevées à l’occasion à l’occasion de ce débat. Les contraintes économiques et sociales restant nombreuses à cet effet.

Il est aussi important de communiquer avec la population en apportant une meilleure pédagogie et une meilleure sensibilisation aux enjeux du développement durable que l’on ne peut plus séparer des questions de tranquillité publique. L’information doit être le premier levier de la réconciliation de l’activité humaine avec la durabilité de notre ville.

C’est un défi difficile à relever, mais pas impossible. Ce soir, nous retenons aussi que les principes du développement durable sont complexes à mettre en œuvre. Néanmoins, un changement profond des comportements et des mentalités est nécessaire. Ceci parce que tout doit changer et tous à Saint-Denis devront évoluer en acceptant de mettre en place de nouvelles logiques de protections à la fois humaines, sociales et environnementales.

Fait à Saint-Denis le 17 novembre 2009